PAS LA PEINE DE CRIER

Monsieur le Ministre, très cher collègue et ami,
J’ai l’honneur de soumettre à votre compétence claire une proposition qui devrait pouvoir trouver place dans les préparatifs dont vous avez la charge.
Notre pays se trouvant fort malheureusement confronté à des menaces répétées à ses frontières, nous ne pouvons que redouter l’imminence d’un conflit qui viendrait détruire la pacte de Paix que vous avez eu à coeur de rebâtir patiemment et avec beaucoup d’habilité jusque-là.
Nous pensons donc que si le pire devait se produire, le Peuple de France trouverait un certain réconfort dans l’admiration du courage de ses soldats.
Et par quelle meilleure manière nous faudrait-il y parvenir? Par la peinture fidèle que leur fréquentation quotidienne permettra de décrire.
Je saisis donc l’occasion de vous demander d’accorder votre permission au dénommé Bruno Bressolin, peintre de son état, pour incorporer le Huitième Régiment d’Infanterie appelé sur le front de l’Est.

Ses qualités d’artiste réputé dans les salons de peinture de Paris, trouverons à n’en pas douter, sur le champ futur des batailles, un défi à la hauteur de son talent : montrer que le sacrifice de nos vaillants soldats doit toujours être un exemple pour la jeunesse de notre Pays.
Auriez-vous l’obligeance , mon très cher collègue et ami, de me donner votre avis sur cette mission qui servira le sentiment d’ardeur patriotique dont notre pays, la France, va tant avoir besoin ?

Je reste votre dévoué,
agréez, Monsieur, l’assurance de ma considération empressée.

Lucien Caillaux
Ministre de l’Instruction et des Beaux Arts
Monsieur Louis Foque
Ministre
Ministère des Armées
Boulevard Saint Germain
Paris Juin 1911